lundi 21 novembre 2011

Lunar Park, Bret Easton Ellis


Ca y est, encore une claque ! Même dans 30 ans, je n’écrirai pas comme ça !
Lunar Park est tout simplement prenant, passionnant. Ellis est un précurseur puisque, en 2005, il se lance dans l’auto-fiction… et avec succès ! . Salué par la critique, il a été élu meilleur roman de l'année 2005 par la rédaction du magazine Lire.
Il commence comme une autobiographie toute simple où l’auteur nous raconte son adolescence alors que le succès lui tombait dessus.
Ses amis de fac découvrent des drogues ou sortent avec des filles, lui a déjà un appartement gigantesque et y donne des fêtes non stop entouré de stars : des soirées de débauche à la « sex, drugs and Rock’n’Roll. » Il en tombe quelques une au passage. On retrouve ici l’esprit d’American Psycho, les lieux qu’il faisait fréquenter à Patrick Bateman à l’instar du Nell’s, l’immeuble habité par Tom Cruise et tout l’univers ses nouveaux riches américains de la fin des années 1980.

Puis Ellis se présente comme celui qui construit une famille. Au bord du gouffre, il rejoint son ex avec qui il a eu un enfant âgé de 11 ans… et c’est là que els ennuis commencent !
Disparitions d’enfants dans le quartier, phénomène paranormaux dans sa maison, Il croit au fantôme de son père puis à l’incarnation en chair et en os de Patrick Bateman.
Chaque chapitre, écrit à la manière d’un journal, est truffé de rebondissements mais aussi de questions. Plus on avance dans l’histoire et plus la conclusion a l’air floue. Du coup, on a envie de tout sauf de le lâcher !
Il sombre aussi peu à peu dans l’alcool et la drogue. Chez le lecteur, les questions fusent. Est-ce lui qui commet tous ces meurtres sous l’emprise de psychotropes ? La réincarnation est-elle bien réelle ? Va-t-il sauver son fils ?
Au delà du thriller haletant, Lunar Park est aussi un vrai bouquin de dénonciation sociale face aux pratiques des néo-bourgeois, voire de la société américaine en général.
Les enfants y sont gavés de cachets pour les rendre plus performants, moins dépressifs et les RDV chez le médecin et la prise en charge par les nounous remplacent les sorties familiales. Les barres de céréales allégées remplacent les soupes de légume. Les écoles privées veulent fabriquer des mômes au cerveau décuplé et de très loin en avance sur la génération antérieure. Les couples habitent de jolies maisons avec piscine mais chacun regarde chez l’autre, ou du moins a la possibilité de le faire.
C’est une famille américaine de base dans cette Amérique de la consommation, cf. la scène du cinéma ou celle de la voiture, que Bret Easton Ellis nous dépeint dans Lunar Park, un thriller qui prend aux tripes.

Robert Laffont
2005

1 commentaire:

  1. Oui, chouette livre. Lu il y a quelques temps. Comme tu le dis, ça oscille entre une autofiction, avec le fantôme Bateman, qui en réalité semblait être son père barge (dans son esprit, en réalité où ce en quoi il l'avait transformé), et la critique vertigineuse d'un univers social. Egalement songé à "la part des ténèbres" de Stephen King (avec personnage effrayant qui aurait été issu de sa propre création, et qui poursuivrait son auteur)

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